Le gouvernement semble avoir abandonné son projet d’augmenter la fiscalité sur le vin au nom de la santé publique. Mais les professionnels du vin ne baissent pas leur garde… Et ils ont bien raison ! Car il reste d’autres mesures anti-vins encore dans les tiroirs.

« Il n’y aura pas de fiscalité sur le vin. » A deux reprises, le 28 septembre à Cahors, puis le 1er octobre à l’Assemblée nationale, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a démenti le projet gouvernemental de taxation comportementale du vin. Trois rapports publiés au printemps réclamaient une hausse de la fiscalité sur le vin au nom de la santé publique. Provoquant la colère des professionnels et amateurs de vin.
Pour le journaliste Jacques Dupont, cette mesure enverrait un signal contradictoire à nos clients. « Amis chinois, américains, brésiliens, achetez notre vin… mais chez nous on le taxe car on le considère comme un produit néfaste ! », ironise l’auteur du brûlot Invignez-vous ! (Grasset).

Les « 500 000 acteurs de la vigne et du vin », réunis dans l’association Vin & Société se sont aussi indignés en lançant le 26 septembre une campagne d’interpellation. En une dizaine de jours, 216 710 visiteurs uniques se sont connectés au site www.cequivavraimentsaoulerlesfrancais.fr créé pour l’occasion. Une mobilisation qui aurait poussé le gouvernement à faire marche arrière ?

Arsenal anti-vin

La taxe écartée, les défenseurs du vin ne baissent pas leur garde. Car la fiscalité n’est pas la seule arme du lobby anti-alcool. Vin & Société a compté en tout cinq mesures ruinant l’image des flacons français sous couvert de lutte contre l’alcoolisme. Parmi elles, l’interdiction de parler du vin sur Internet et les réseaux sociaux. Le 19 septembre, cette mesure était inscrite dans le plan de lutte gouvernemental contre la drogue et les conduites addictives. Avant de s’évaporer comme un vieux cognac le 26 septembre, jour de lancement de la campagne de Vin & Société. Coïncidence ?
Encore en discussion, le reste de l’arsenal anti-vin comprend aussi la radicalisation des messages sanitaires et le durcissement des mentions sanitaires sur les étiquettes. Il pourrait ainsi être interdit d’écrire « à consommer avec modération ». Un tantinet contradictoire venant des pourfendeurs de l’alcoolisme… Dernier étage de la fusée : de nombreuses condamnations de journalistes dont le seul pêché est…d’avoir écrit sur le vin ! La publicité sur le vin manque cruellement d’une définition juridique. Stéphane Le Foll a déclaré qu’« elle doit être encadrée, mais ouverte sur les nouveaux moyens de communication ». Rassurant, mais pas très précis…
Inutile de convaincre les visiteurs de vinsociaclub.fr que le vin n’est pas que de l’alcool. Mais cela ne semble pas être la conception du lobby hygiéniste, pour qui il n’est pas possible de boire du vin pour autre chose que l’ivresse.

Yannick Groult